CHAPITRE XVIII
Quand l'armée homanane entra dans Solinde, elle rencontra peu de résistance. Karyon prit soin de traiter différemment les fermiers et les citoyens solindiens qui essayaient simplement de survivre dans un pays en guerre et ceux qui soutenaient activement Tynstar.
Dans l'armée, les Cheysulis restaient sous les ordres de leurs chefs de clan. Donal avait toujours connu la paix entre les deux races. Ce qui était arrivé à Hondarth, puis à la taverne, lui rappelait que le retour de son peuple à sa place légitime était loin d'être accompli.
La plupart des soldats acceptaient les Cheysulis, mais il régnait un certain malaise dans les rangs. Karyon maintenait l'unité avec Rowan, dont les façons homananes et l'aspect cheysuli lui étaient d'un grand secours.
Evan se révéla un excellent compagnon pour Donal. Leur amitié se renforça au fil des conversations et des débats, parfois houleux. Donal n'avait jamais connu un tel lien, car il était pris entre son rang homanan et son statut de guerrier cheysuli. Ce n'était pas la même chose que ses rapports avec ses lirs, mais cela restait très satisfaisant.
Assis à la table de Karyon dans le pavillon de campagne du Mujhar, Donal s'aperçut que son compagnon était ailleurs — en esprit, sinon physiquement.
Karyon avait fini de manger et savourait son vin préféré.
C'était le milieu de l'été. Il faisait doux ; la brise du soir caressait les bannières. Les plats d'argent paraissaient dorés à la lumière du soleil couchant.
Karyon fit tourner lentement son gobelet sur la table.
— Où est Evan ? Je vous avais invités tous les deux.
Donal sourit.
— Evan vous transmet ses regrets. Vous vous souvenez des filles de fermiers solindiens qui se sont mis en tête de suivre notre armée ? Le bougre en a trouvé plus d'une ravie de coucher avec lui.
— Je suis heureux qu'un de nous puisse oublier ses soucis en compagnie d'une femme, dit Karyon. ( II se redressa soudain. ) Par les dieux, j'ai failli oublier ! Un message d'Aislinn est arrivé pour toi ce matin. Il est dans le petit coffre, près de ma paillasse.
Anxieux, Donal alla prendre le rouleau. C'était la première lettre d'Aislinn depuis leur départ.
Donal lut le message. Puis, d'une voix mal assurée, il annonça :
— Elle... est enceinte.
— Est-elle sûre ?
— C'est confirmé. Forcée ou pas, il semble que notre union ait porté ses fruits.
— Dieux merci, dit Karyon. Le trône est à l'abri.
— Seulement si c'est un garçon, répondit Donal.
— Tu en as déjà un. Est-ce folie de penser que tu peux en avoir un autre ?
Donal ne répondit pas. Il regarda Karyon vider son gobelet et se resservir. Ces derniers temps, le Mujhar buvait de plus en plus, sans doute pour soulager ses douleurs. Même dans la chaleur sèche d'un été solindien, ses articulations enflées le faisaient souffrir.
Je ne pourrais pas supporter le quart de ce qu'il endure, pensa Donal. Et pourtant, il nous mène à la bataille !
— Elle dit qu'elle va bien, continua-t-il. Mais la naissance du premier enfant est souvent difficile. Pour Sorcha...
Il s'arrêta net. Ce n'était pas le moment de mentionner sa meijha. Il sentit aussitôt la tension monter entre Karyon et lui.
— Vous m'en voulez, n'est-ce pas ? dit Donal. D'avoir gardé Sorcha alors qu'Aislinn est ma cheysula.
— Au cours des ans, j'ai appris à respecter nombre de coutumes cheysulies, même si je ne les comprends pas toutes. Je préférerais, pour le bien-être de ma fille, que tu renonces à ta meijha, mais je te ne demanderai pas de le faire.
— Vous n'avez pas répondu à ma question, insista Donal.
Karyon sourit.
— Non, c'est vrai.
Il se servit un autre verre du vin doux qu'il ne laissait à personne d'autre.
— Je ne t'en veux pas, Donal. J'ai été fidèle à Electra parce que je ne désirais aucune autre femme quand j'étais avec elle. Mais je peux comprendre que tu puisses épouser une femme et avoir une maîtresse. Je serais bien le dernier à t'en blâmer. Les dieux savent à quel point j'ai désiré ta mère, alors que nous étions mariés chacun de notre côté.
Les mains de Donal se fermèrent sur le parchemin.
— Ma jehana ?
— Elle ne te l'avait jamais dit ?
— Ma jehana..., répéta Donal, stupéfait.
— Oh, c'est de l'histoire ancienne ! Je pensais que tu étais au courant. Par les dieux... je ne peux croire qu'elle ne soit plus. Après tout ce qu'elle a représenté pour moi... Tout ce qu'elle a fait... Je n'ai jamais cessé d'éprouver des sentiments pour elle. Quand mon mariage avec Electra a été terminé, je me suis de nouveau tourné vers ta mère.
— Alors qu'elle était la cheysula de Duncan ? dit Donal.
— Non. Ton père était déjà mort — du moins le pensions-nous. Le jour où je vous ai ramenés à la Citadelle, ta mère et toi, je lui ai demandé de m'épouser. J'aurais fait d'elle la reine d'Homana.
— Elle ne voulait personne d'autre que mon jehan, souffla Donal avec une pointe de cruauté.
Karyon leva la tête.
— Je t'aurais adopté. Comme si tu étais né de moi.
Donal regarda le visage vieillissant du roi. Il y vit du chagrin et du regret, associé à une volonté peu commune.
Il lut aussi une vulnérabilité inattendue.
— Je ne savais rien, mon seigneur.
— Elle n'a pas voulu de moi. Nous ne nous sommes pas mariés... ( Karyon s'interrompit un instant, pour reprendre le contrôle de ses émotions. ) Pour finir, ils sont morts ensemble. Et tu es toujours le fils de Duncan.
— Mon seigneur ! cria une voix à l'extérieur du pavillon.
— C'est Rowan, dit Karyon. Entre donc !
— Karyon, vous feriez mieux de venir. Il y a quelque chose que vous devez voir...
Le Mujhar prit son épée et la glissa dans son fourreau. Voyant le rubis noir, Donal se sentit coupable de ne pas l'avoir acceptée. Mais cela lui était impossible pour le moment.
Dehors, il y avait quelque chose de différent. Quelque chose qui n'allait pas.
Sorcellerie, dit Taj, qui volait au-dessus de leurs têtes.
Le crépuscule n'était pas très avancé ; pourtant, au lieu de la lumière faiblissante qui le caractérisait, il avait plongé le camp dans les ténèbres.
Rowan les guida vers une des petites collines qui entouraient le campement. Il désigna la lune. Contrairement à sa couleur habituelle, elle était pourpre.
Karyon s'arrêta près de Finn, qui attendait avec son loup.
— Ihlini, dit-il.
Donal fronça les sourcils.
— Un enchantement ?
— Un avertissement, plutôt, ou une salutation. Qui peut dire ce que Tynstar entend accomplir ?
— Comment est-il capable d'utiliser sa sorcellerie en présence de tant de Cheysulis ?
— Même confrontés à des Cheysulis, les Ihlinis ont la possibilité de faire appel à des tours et à des illusions simples. Il se contente de jouer avec les superstitions des Homanans, comme il l'a déjà fait par le passé.
Lirs, dit Donal, j'aimerais que vous y puissiez quelque chose...
Tu connais la loi, répondit Lorn. Nous n'avons pas le droit de combattre les Ihlinis.
Pourtant, les Ihlinis nous combattent.
Je n'ai jamais dit que la loi était juste, répliqua Lorn d'un ton ironique. Je sais seulement que les lirs honorent la loi que les dieux ont décrétée.
Si je meurs, Taj et toi mourrez aussi.
Cela fait partie du prix.
C'est trop cher, répondit Donal. Vous devriez le dire aux dieux.
Pourquoi ne t'en charges-tu pas ?
— Les hommes sont... inquiets, déclara Rowan.
— Ils ont peur, lança Finn. C'est le but de Tynstar.
Donal regarda autour de lui. Il entendit des murmures dans les rangs tandis que le brouillard se répandait de la colline vers le camp. Le silence de la nuit était devenu une entité presque palpable.
Lirs... Traitez-moi de couard si vous voulez, mais je n’aime pas cela du tout.
Nous sommes tous des couards, dans ce cas.
Karyon se tourna vers Rowan.
— Va parler à mes capitaines, dit-il. Je ne veux pas voir mes troupes fuir devant des illusions ihlinies.
— Oui, mon seigneur.
Le général tourna les talons.
— Donal ?
C'était Evan, arrivant du pied de la colline.
— C'est donc ça, la magie ihlinie ?
— Evan... Ce n'est pas matière à plaisanterie.
— Non, admit le prince ellasien après un moment. Mais quel spectacle !
Soudain, la brume s'écarta, comme un rideau qu'on tire. Une fontaine pourpre apparut. Le cœur en était si brillant qu'il semblait d'un blanc immaculé. La lumière de la fontaine inonda tous les visages. Les hommes se cachèrent les yeux avec les mains ; des chevaux hennirent et essayèrent de s'enfuir. Des cris d'effroi montèrent de la troupe.
Karyon se tourna vers ses soldats.
— Ne craignez rien ! Ce n'est qu'une illusion ihlinie !
La fontaine sembla s'ouvrir et cracher une langue de flamme qui rampa sur l'herbe. L'obscurité se répandait autour d'elle tandis qu'elle consumait tout ce qu'elle touchait.
— Par Lodhi ! murmura Evan.
Un serpent, pensa Donal. Envoyé par Tynstar pour nous tuer tous.
Le reptile s'arrêta à quelques mètres d'eux. Il enfla et se dressa, puis son ventre distendu s'ouvrit et donna naissance à un homme.
Le sorcier était enveloppé d'une cape pourpre si foncée qu'elle était presque noire. Des bijoux d'argent scintillaient à ses oreilles et à ses doigts. Mais ce furent ses yeux que Donal remarqua, des yeux noirs intenses brillant dans un visage à l'éternelle jeunesse.
Pour la première fois, Donal voyait l'homme qui avait tant fait pour détruire sa vie. Et il avait peur.
Je ne suis pas digne du trône. Je peux à peine poser les yeux sur lui !
— Il est temps que je te dise adieu, Karyon, déclara l'apparition. Nous avons été de bons ennemis, mais j'en ai terminé avec toi. L'heure de ta mort a sonné.
Le Mujhar éclata de rire.
— Tynstar, pauvre imbécile ! Qu'est-ce qui te fait croire que tu vas réussir ? La dernière fois que nous nous sommes affrontés, il y a seize ans, tu es parvenu à raccourcir ma vie, pas à la prendre !
Le sourire de Tynstar trahit son amusement.
— II est vrai que tes Cheysulis t'ont bien protégé. Mais le trône va revenir à l'un d'eux. Ils n'ont plus de raison de s'occuper de toi.
— Je ne tomberai pas dans un piège aussi grossier, Ihlini. Je ne suis pas Shaine !
Les flammes qui nimbaient Tynstar frémirent.
— Shaine est mort à cause de sa folie et de ses peurs irrationnelles. Tu succomberas à autre chose. Tu ne sers plus à rien désormais, Karyon. Regarde autour de toi. Ton successeur n'est plus un gamin, mais un homme. Adieu le garçon que j'avais essayé de faire mien il y a tant d'années !
— Tu es fou si tu crois que j'aurais pu me retourner contre Karyon, lança Donal.
Tynstar sourit.
— Je sais. Tu n'es pas aussi obéissant que je l'aurais souhaité. Non, tu ne te dresseras pas contre Karyon. Tu n'en auras pas besoin, il sera mort avant un an.
— Et le trône ? demanda Karyon d'une voix rauque.
— Il sera mien. Comme il était écrit.
— Non, il m'appartiendra, dit Donal. Le Lion n'acceptera jamais un Ihlini. Les dieux nous l'ont destiné.
— Votre shar tahl raconte des bêtises, Donal. Je vois que tu ne connais pas l'histoire.
— Ku'reshtin ! jura Donal.
— Resh'tani, répondit Tynstar dans la Haute Langue.
Donal fut pris de court. Puis il réalisa que n'importe qui pouvait apprendre une langue si le besoin s'en faisait sentir.
Tynstar fit le signe du tahlmorra.
— Je vais vous instruire, dit-il, afin de remédier à cette ignorance alarmante.
— Je n'écouterai pas, dit Donal. Quel crédit puis-je accorder à tes paroles ?
— Parles-en à ton shar tahl. Tu verras qui ment et qui dit la vérité. T'es-tu jamais demandé pourquoi les Premiers Nés ont laissé Homana aux Cheysulis ?
— Un héritage, répondit Donal. Nous sommes les enfants des Premiers Nés...
— ... qui descendaient des dieux eux-mêmes, termina Tynstar. Mais êtes-vous une race si arrogante que vous pensiez qu'ils n'ont pas eu d'autres enfants ?
— Que veux-tu dire ? cracha Finn.
— Ils ont donné naissance à une autre race : les Ihlinis, qui se sont croisés avec les Cheysulis.
— Non ! crièrent simultanément Finn et Donal.
Karyon tira son épée.
— C'est inutile, dit Tynstar. Cela ne peut pas me tuer. N'as-tu pas déjà essayé ? N'as-tu pas vu le rubis noircir ?
— Oui, admit Karyon d'une voix égale. Voudrais-tu le revoir ?
Karyon se tourna vers Donal et lui fourra l'épée dans la main.
— Montre-lui ! Montre-lui la pierre noircie !
Donal leva l'épée lentement. Il porta un coup en direction de Tynstar, comme pour éloigner le mal.
Soudain, le rubis devint d'un rouge écarlate et illumina la colline.
Le brouillard se dispersa aussitôt. Pendant que sa magie faisait disparaître le sort ihlini, Donal sentit la puissance pulser dans sa paume. Stupéfait, il eût voulu lâcher l'épée, mais en fut incapable. L'épée prenait vie dans sa main ; il sentait la force de l'arme couler en lui. Un parfait échange de pouvoirs.
Tynstar montra sa surprise.
— Ainsi, l'épée de Hale a enfin trouvé son maître. Je craignais que cela arrive. Je pensais pouvoir l'empêcher quand je l'ai tué dans la forêt, mais cela n'a pas suffi...
— Tu l'as tué ? Ce sont les hommes de Shaine qui ont assassiné mon jehan ! dit Finn.
— Crois-tu ? Ne sois pas si bête ! Je l'ai tué parce que je savais que sa lignée pouvait détruire les Ihlinis. Je voulais éliminer Lindir aussi, avant qu'elle donne naissance à son enfant, mais elle m'a échappé. J'ai tué le lir de Hale, puis Hale. Je voulais prendre l'épée, hélas, il l'avait déjà donnée au Mujhar.
« J'aurais dû savoir que l'arme était destinée au fils d'Alix. Je l'avais senti en elle, avant qu'elle couche avec Duncan. J'aurais dû la tuer aussi.
Donal baissa l'épée. Le rubis brillait moins, comme s'il avait su que son travail était en grande partie accompli : la brume et le serpent de lumière avaient disparu. Il ne restait plus que Tynstar, entouré de son cocon de flammes vivantes.
— Tu l'as tuée, dit Donal. Et mon jehan aussi, quand tu l'as envoyé pour nous prendre au piège.
— Ce n'était pas une idée à moi, corrigea Tynstar. C'était une suggestion de mon... apprenti. Et une bonne ! Elle a en partie réussi.
— En partie seulement ! cracha Donal.
— Je connais votre prophétie aussi bien que les Cheysulis, Donal, et j'en fais partie. Je comprends le tahlmorra mieux qu'aucun d'entre vous, car je suis né il y a trois cents ans et je connais les dieux depuis plus longtemps que quiconque.
— Comment oses-tu parler des dieux quand tu adores le Seker, le démon qui habite dans les ténèbres ?
— Je ne l'adore pas, je le sers, comme vous prétendez servir vos dieux. Le Seker sait ce qui se cache dans le cœur d'un homme. Il ne réclame aucun rituel.
« Oui, je fais partie de la prophétie, mais je ne la sers pas. J'essaie de briser son pouvoir avant que les Ihlinis soient détruits. Vous ne comprenez donc pas ? Je fais tout cela pour sauver ma race !
— Je ne vous crois pas, dit Donal après un long silence. Si les Ihlinis étaient vraiment les descendants des Premiers Nés, nous ne serions pas des ennemis mortels.
— Demande aux lirs pourquoi ils ne peuvent pas s'attaquer aux Ihlinis.
Donal ne pouvait répondre. Taj et Lorn gardèrent aussi le silence.
Tynstar sourit.
— Tu es idéaliste, Donal. La compréhension te viendra avec l'âge. Les Ihlinis désiraient plus de pouvoirs que ceux qui leur avaient été accordés par les Premiers Nés. Alors nous nous sommes tournés vers la seule source qui voulait bien nous écouter...
— ... Asar-Suti, finit Karyon.
— Le dieu de l'autre monde, celui qui réside dans les ténèbres, ajouta Finn.
— Oui. C'est un dieu généreux, qui ne bride pas les dons qu'il confère à ceux qui le servent. Quand les Premiers Nés ont appris que nous étions liés au Seker, ils ont cherché à nous détruire. Sachant qu'ils seraient éteints avant d'avoir accompli leur œuvre, ils ont fabriqué la prophétie et laissé les Cheysulis se charger de la destruction...
— Non ! dit Donal.
— Ils ont déposé en chacun de vous une obéissance aveugle qui vous lie encore aujourd'hui. Ils ont donné aux guerriers un destin et l'ont appelé tahlmorra, pour s'assurer que la tâche serait accomplie. Ils ont fait de vous des soldats des dieux, aussi décidés à accomplir la prophétie que nous le sommes à la voir échouer, parce que son succès signifierait la fin de notre race. Un qu'mahlin ihlini, lancé par les Cheysulis.
Donal secoua la tête.
— La prophétie ne parle pas d'anéantissement. Elle évoque un Mujhar héritier de toutes les lignées qui unira quatre royaumes ennemis, et deux races ayant les dons des anciens dieux. Est-ce un sort si horrible ?
— Cela signifie le mélange du sang ihlini et du sang cheysuli, Donal. La fusion de nos races et de leurs pouvoirs. Plus d'indépendance. Les Ihlinis et les Cheysulis disparaîtront, noyés par leur propre sang.
Dieux... Faites qu'il se trompe...
Donal lança son épée dans la colonne de flammes qui abritait Tynstar. Le sorcier leva la main et détourna la lame ; elle tomba sur le sol, pointe en avant, et s'y ficha.
— Non..., dit Finn en retenant Donal, qui faisait mine d'avancer.
— Attends, murmura Karyon.
La lumière du rubis sembla vaciller. Tynstar toucha la pierre du bout d'un doigt. Elle redevint noire.
— Je n'ai qu'à la ramasser et à caresser les runes jusqu'à ce qu'elles s'effacent, et ce ne sera plus qu'une épée ordinaire.
Il avança la main, prêt à prendre possession de l'arme.
— Non ! cria Donal.
Au moment où Tynstar essayait de refermer la main sur la garde, le rubis brilla de nouveau de mille feux.
L'Ihlini cria. Il retira aussitôt sa main. Donal l'entendit siffler de surprise.
Sa main se leva de nouveau. La bague d'argent scintilla dans les flammes magiques.
Tynstar dessina une rune dans l'air et fit éclater les ténèbres.